Personne ne s'occupe de l'avenir de vos enfants. Et cela m'énerve...

L’autre jour, tranquille sur mon canapé, je regardais une interview sur une chaîne d’information entre une journaliste et un invité politique. Pour être sincère, je ne me souviens plus vraiment ni de la chaîne ni des protagonistes. Mais cela n’a pas réellement une grande importance tant la plupart des débats et / ou interviews se ressemblent. 

Ce dont je me souviens parfaitement en revanche, c’est la question suivante de la journaliste : « devant l’urgence de la situation, que feriez-vous ? » L’homme politique répondit : « tout d’abord je prendrais cette première mesure... ». Sa réponse même pas finalisée, la journaliste l’interrompit en disant : « oui mais cela est une réponse de long terme. À très court terme que feriez-vous pour résoudre le problème ? ». 

Ce n’était pas la première fois que j’entendais ce genre de réflexion, mais là trop c’est trop... À l’ère des réseaux sociaux, tous les problèmes doivent être résolus instantanément. Vouloir avoir une démarche de long terme semble tout bonnement inaudible. Et cela a franchement tendance à m’énerver...

Aujourd’hui, le temps des journalistes est celui de l'instantanéité. Une info chasse l’autre. Avez-vous remarqué par exemple comme l’Iran avait chassé l’Ukraine de vos postes de Télévision ? Ou comme les débats sur la canicule et ses climatiseurs avaient monopolisé les temps d’antenne ? Avant une prochaine catastrophe qui malheureusement ne manquera pas d’arriver. Certes tout ne va pas forcément pour le mieux pour tout le monde dans le meilleur des mondes. Mais ne trouvez vous pas que parfois ils poussent franchement un peu trop ? Prendre du recul pourrait faire un peu de bien...

Dans les débats, ils discutent sur les mots. Faits divers ou faits société par exemple. Mais pas vraiment sur les véritables causes que l’on essaie ou que l’on devrait résoudre. Une agression sur une personne est-elle un fait divers ou un fait de société ? Je n’ai pas vraiment envie d’alimenter ici ce débat ou de prendre partie. Tout ce dont je suis certain, c'est que pour la victime et son entourage, cela ne change pas grand-chose.

Par ailleurs, je ne résiste pas à l’envie de vous donner un exemple de juin 2025 qui me semble à la fois surréaliste voire ahurissant mais représentatif de cette nouvelle non-approche des problèmes de fond. 

Il est désormais en France interdit de fumer devant les écoles. Perso je ne suis non fumeur et je ne passe jamais devant une école. Donc je ne me sens pas vraiment concerné... Si vous vous « faites prendre par la patrouille » en train de fumer, vous serez redevable d’une amende de 135 €. Je ne sais pas si cette action de très court terme améliorera vraiment la santé de vos chérubins, mais cela ne devrait pas nuire au déficit budgétaire de l’Etat. Enfin, s’ils arrivent à « choper » suffisamment de fumeurs... En revanche, si une personne a le bon goût de créer un point de deal devant cette école, l’action à court terme, telle que vécue récemment, consistera à... déplacer l’école. Ce qui au passage est sûrement nettement moins bon pour le déficit budgétaire. Et personne ne vous parlera jamais de l’action à moyen ou long terme qu’il faudrait dès aujourd’hui initier pour qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire de manière quasi certaine dans 5 ou 10 ans. 

Cet exemple montre à la fois le caractère court termiste des décisions, mais aussi parfois leur inutilité qui peut frôler l’absurde.

Et si vous le permettez encore un exemple fantasmagorique. La France est vraiment un pays incroyable et formidable. 

Fin 1955, le ministère des Travaux publics met en place le cadre législatif et institutionnel du développement du réseau autoroutier et approuve un programme intégré au Plan directeur routier. C’était à l’époque 3 500 kms concernés dans un premier temps. En 2025, et sans prendre partie dans ce dossier, je constate simplement que nous en sommes à déjà à plus de 36 ans pour réfléchir et peut-être finir (ou pas) de construire les 53 kms d’autoroute de l’A69 qui pourraient relier Toulouse à Castres. Peu de gens s’en souviennent. Mais c’était déjà en 1989, que le gouvernement évoquait déjà l'élargissement de la RN 126. Un aménagement de la route existante pour pallier un axe qui manquait de sécurité. À l’époque on parlait de "liaison dangereuse et mal adaptée" qui desservait le bassin castrais.

Alors pourquoi une telle évolution du monde politique ? Une des raisons majeures selon moi, mais il y en naturellement beaucoup d’autres, était qu’à l’époque, les principaux plans industriels étaient initiés grandement par le Commissariat Général au Plan et par les corps techniques de hauts-fonctionnaires, dont l’Ecole Polytechnique. Aujourd’hui, malgré les heures passées devant ma télé et sur les réseaux sociaux, je n’arrive toujours pas à repérer les évolutions structurelles et structurantes du Haut Commissariat à la stratégie au Plan. Mais sans doute suis-je très mal informé. Sans compter que dans l’esprit de très nombreux jeunes, élève à Polytechnique a été remplacé par Footballeur ou Influenceur. Pas la peine de s’énerver pour si peu. 

L’Etat ne semble plus avoir de vision à long terme et ne gère donc plus.  Il administre en essayant le plus possible de garder son électorat. Et hormis le domaine très spécifique des impôts et taxes, où est passé la créativité ? 

Au passage, il faut aussi bien reconnaître que, sauf à décider un projet structurant en tout début de mandat, un homme (ou une femme) politique a peu de chance d’inaugurer son propre projet plusieurs années plus tard. C’est un peu ballot... Et rien n’assure non plus que son éventuel successeur sera en phase avec lui et mènera le projet à bien. Quand il ne l’abandonnera pas purement et simplement. C’est encore plus décourageant.

Finalement, la procrastination politique (mais pas que) généralisée sur des projets structurants et essentiels de long terme ne semble déranger personne. Dans un monde de l’instantané mondialisé, mais de plus en plus individualiste, les réseaux sociaux sont, à tort ou à raison, de plus en plus « la référence ». L’immédiateté et le sensationnel en sont la base. 

Alors, « Oui » le monde a changé. Et l’explosion d’un numérique devenu hégémonique en est une cause fondamentale. Mais pas que. De mon canapé je vois les jeunes générations accuser de plus en plus les boomers de tous les maux. Cela me semble un peu trop facile, et sûrement assez exagéré. Ils n’ont certes pas tout bien fait et les années 68 sont pour moi en grande partie à l’origine des pertes de respect et du manque d’autorité actuel dans beaucoup de domaines. Pour autant, c’était de vrais bosseurs, des créateurs reconnus et de nombreux grands chantiers ont été menés à leur terme grâce à eux.

Et cela n’enlèvera pas à nos élus, ni à personne, le droit et le devoir de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leurs électeurs et de l’ensemble de la population qu’ils représentent. D’autant plus que ce monde continuera structurellement à évoluer. C’est juste dans l’ordre des choses de la nature et de la nature humaine. 

Je ne détiens certes aucune vérité absolue. Et je le regrette parfois. Alors êtes-vous de ceux qui pensent qu’une somme de mesurettes contradictoires et versatiles peut faire une stratégie de long terme réussie ?

Dans l’affirmative, je n’ai plus qu’à reprendre ma sieste sur mon canapé en rêvant d’un avenir meilleur mais tellement improbable...  

Votre devoué
🐈 Cham 🥰

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